L’Aïd et le Dziani Dzaha… encore !

A peine arrivée, déjà les jours fériés qui pleuvent. Qui pleuvent oui, parce qu’ici, en plus des jours fériés « nationaux » (oui les armistices, les fêtes du travail et autre…) et « traditionnels » (soyons clairs, les jours chômés issus du passé (passé ?) catholique de la France), population à 90 % musulmane oblige, les grandes fêtes de l’Islam sont également fériées. Autant dire qu’entre les 15 et 22 août (oui, ici l’Aïd a eu un jour de décalage avec la métropole), les possibilités de vadrouille sont allées bon train !

Et justement, en cette belle journée du 22 août, et ayant appris qu’un membre de notre petite troupe n’était jamais allé jeter un coup d’œil à l’œil de Petite Terre (en plus de six mois !), rendez-vous était pris pour le lac « où il y a un volcan », le Dziani Dzaha.

Sauf que… qui dit jour férié dit veille de jour férié… et dit petite soirée pour fêter ça ! Et le départ devint chaotique ! Seuls survivants, FE (mais si, mon copain de Master qui est arrivé en même temps que moi à Mayotte il y a deux ans), Petit Pierre et moi avons rejoint sous un ciel sans nuage Momo, un collègue, et deux de ses amis.

Sauf que… nous nous sommes vite aperçu que le litre respectif des gourdes de FE et moi et le litre et demi du petit groupe de Momo risquaient d’être juste pour 6 joyeux randonneurs déshydratés marchant en plein soleil à la bonne heure de midi.

Cahin-caha l’ascension commençait, jusqu’à l’arrivée en haut de la crête et… un an plus tard et malgré la bonne dizaine de fois où j’ai pu emprunter ce sentier sinuant autour du Dziani, le spectacle m’a une nouvelle fois sauté au visage avec toute l’intensité de ce petit coin de paradis. La perspective entre le vert opaque de l’eau, le camaïeu des feuillages, le bleu du ciel et les milles couleurs du lagon et du grand large en arrière-plan… un décor toujours aussi fascinant et percutant, troublé ça et là par le vol d’un paille en queue, d’un martinet, ou la respiration d’une tortue. 

Une pause pour une photo tous les 20 mètres, 5 minutes d’extase devant une belle fleur, une Néphyle, l’écume de la barrière, bref, un bien beau tour du  Dziani Dzaha. Quelques rares escales eau, une gorgée par une gorgée histoire de l’économiser au maximum, et nous bifurquions pour Moya. Plus de panneau d’indication à l’embranchement, la dernière saison des pluies a dû finir son travail, que l’angle du poteau il y a deux ans laissait présager (https://p8.storage.canalblog.com/83/72/1477868/112278881_o.jpg).

Arrive le moment tant attendu du belvédère. Un sentier sur la gauche, nous nous avançons sur une petite pointe rocheuse… et le spectacle est là. Toujours le même, deux ans après comme il y a des millions d’années, les deux plages de Moya 1 & 2 offrent un paysage paradisiaque. Situées dans d’anciens cratères à fond plats ou « maars », ces plages sont une magnifique illustration de l’origine volcanique de l’île, zone de rencontre entre irruption de lave en fusion et eau de mer, s’évaporant à son contact. Ces demi-cercles quasi parfaits séparés par une langue de terre s’avançant dans la mer et aboutissant à une véritable falaise a de quoi rendre muet d’admiration n’importe qui d’assez aventureux pour se risquer dans cette jolie promenade en Petite Terre.

 Le temps de descendre jusqu’à l’accès aux plages, nous croisons sur notre route des petits zosterops de Mayotte ou oiseaux lunettes (Zosterops Mayottensis), espèce endémique de Mayotte*, et une jolie moucherole ou tchitrek malgache (Terpsiphone mutata). Il commence à faire chaud, l’idée de la proche trempette dans l’eau turquoise de Moya 1 est de plus en plus agréable !

Moya, enfin ! Assoiffés, nous tentons d’aller trouver un petit point d’eau à la maison des gardes de Moya, qui veillent la nuit sur les tortues en ponte, mais rien. De rien. A défaut d’eau à boire, ça sera de l’eau pour se rafraichir. Les saces sont déposés à l’ombre sur la plage, et tous à la flotte ! Enfin tous, dans notre magnifique organisation il s’avère que seuls Petit Pierre et moi avons nos maillots de bain. Mais la solidarité a ses limites, et l’appel du lagon est le plus fort.

Retrouver cette eau, ces reliefs, ce paysage où j’ai partagé tant de beaux moments avec tant de personnes géniales lors de ma première année à Mayotte, Clémence, Emma, Gillou, Alexis, Quentin et tous les autres… et continuer avec toujours de nouvelles rencontre toujours aussi chouettes, cette plage (première baignade dans l’Océan Indien !) a vraiment un petit côté magique.

Très vite, les renforts arrivent. Le reste de l’équipe (Naïg, Stephanou et Anna), démissionnaires pour la partie active de la journée nous rejoignent sur nos serviettes avec… des litres d’eau ! Fraiche ! Farniente, grosses siestes, mots-croisés, lecture… une bonne fin d’après-midi à la plage.

 Un dernier petit jus de fruit à Titi Moya au soleil couchant avant un un retour à pieds par e bord de mer entre chien et loup, et il était temps pour toute la petite équipe de s’en retourner en Grande Terre, des couleurs plein la tête et fourbus après ce bel Aïde.

Bonne nuit Mayotte…